L’hebdo #23 Elus, Parlement et partis sous haute pression
ÉLUS, PARLEMENT ET PARTIS SOUS HAUTE PRESSION
Sale temps pour les représentants de la nation! La multiplication des condamnations et des poursuites judiciaires visant des députés met les partis de la majorité et de l’opposition dans une mauvaise posture vis-à-vis des citoyens. Le Parlement s’active, sur instructions royales, pour adopter un code déontologique contraignant. Un rappel à l’ordre qui sonne comme une sommation. Pour l’heure, pas de large consensus sur les mesures phares au sein de l’Hémicycle. RNI, PAM et Istiqlal… les trois formations de la majorité gouvernementale sont appelés à donner l’exemple, en pesant de tout leur poids, pour accoucher d’un code éthique à la hauteur des enjeux. La moralisation de la vie parlementaire va au-delà des élus. Des voix s’élèvent pour enclencher des réformes de grande ampleur du système politique.
UNE MACHINE JUDICIAIRE À VITESSE GRAND V
Les affaires de corruption, de dilapidation de deniers publics, et d’abus de pouvoir impliquant des élus de la nation se multiplient et ne ressemblent pas. La liste des interpellations et des poursuites judiciaires s’allonge! De nouveaux députés, représentant les formations politiques de la majorité et de l’opposition, ont été déférés devant la justice. Tout porte à croire que les investigations enclenchées notamment sur la base de plaintes vont se poursuivre.
SAUVER L’ISTIQLAL !
Et finalement, après une longue et aussi inexplicable qu’inexpliquée attente, le parti de l’Istiqlal annonce la tenue de son congrès, s’offrant même le luxe de fixer une date précise, ou presque. Le dernier congrès remonte à octobre… 2017! Au rythme où vont les choses au Maroc et dans le monde, 2017, c’est très loin. Et cette hibernation institutionnelle du doyen des partis politiques marocains ne saurait se justifier par le (relativement) bon classement de l’Istiqlal aux élections de 2021 ou même par son accession/retour au gouvernement où désormais il marche sur l’eau.
QUE SERA LE NOUVEAU PAM ?
Que sera le PAM saison 2 aujourd’hui à l’affiche? Quelle est sa valeur ajoutée dans ce gouvernement? Le parti est à l’étroit par suite de son strict cantonnement par le chef de l’Exécutif, Aziz Akhannouch, ce qui ne lui permet pas vraiment de porter et encore moins d’incarner des réformes visibles et lisibles aux yeux des citoyens. Il a déjà fait les frais, depuis 2021, de nombreux départs vers… le RNI, jugé plus porteur. Dans un avenir prévisible, telles les élections de 2026, il aura sans doute de la peine à unifier ses rangs et à mettre en exergue une offre politique attractive. Un vote utile alors pour le PAM? Voire…
À QUAND LE RENOUVEAU POLITIQUE ?
Parviendra-t-on à briser le cercle vicieux de l’inertie pour inaugurer une nouvelle ère de dynamisme politique, où la confiance et l’engagement prendront le pas sur le cynisme et la désillusion ? Alors que le Maroc aspire à un avenir radieux, la sphère politique parviendra-t-elle à se hisser à la hauteur des enjeux qui se profilent, ou continuera-t-elle à errer dans un dédale de promesses évanouies ? La réponse à cette question cruciale façonnera non seulement l’avenir politique du Maroc mais aussi le destin d’une nation tout entière en quête d’une voie vers la lumière.
«Il existe une culture parlementaire déjà reconnue qui transcende les différences entre les partis. Maintenant, le fait de la codifier peut lui donner une certaine solennité et une visibilité vis-à-vis de l’extérieur. Il est aujourd’hui opportun, soixante ans après la constitution du Parlement marocain, de se doter d’un code déontologique. Ce code devrait renfermer des dispositions plus incitatives que dissuasives et intégrer naturellement le règlement intérieur du Parlement, qui est validé par la Cour constitutionnelle».
«Il n’existe aucune crise interne au PAM. Le 5ème congrès intervient dans une conjoncture particulière. Les Marocains exigent plus de transparence et d’efficacité de la part de ceux qui les représentent. La moralisation de la vie politique, et de manière générale, celle la gouvernance publique, est au cœur des débats. Faisant partie de la scène politique, le PAM assume ses responsabilités. Il est temps que le parti corrige la trajectoire pour donner un nouveau visage».
«Au vu du contexte dans lequel est intervenue cette idée de direction collégiale, plus particulièrement l’arrestation et la poursuite de plusieurs grands noms du PAM, on ne peut expliquer ce choix de mettre en place une direction collégiale à trois têtes que par une crise interne aussi bien politique qu’organisationnelle».
LES ENJEUX D’UN CODE DÉONTOLOGIQUE
De vifs débats agitent l’Hémicycle autour du projet de code déontologique des parlementaires. Ce code est-il suffisant pour moraliser la vie parlementaire et la vie politique? Les décryptages de Mohamed Douyeb, éditeur en chef de L’hebdo, et Wissam El Bouzdaini, rédacteur en chef de Maroc Hebdo.
Condamnations à la prison ferme, mises en examen, saisie de biens, interdiction de quitter le territoire… la classe politique marocaine vit au rythme de lourdes révélations impliquant des élus aussi bien de la majorité que de l’opposition. L’histoire retiendra que deux parlementaires et grandes figures du PAM, parti siégeant au gouvernement, sont poursuivis dans le cadre de la plus grosse affaire de trafic international de drogue jamais traitée par la justice. La liste des députés ayant des démêlés avec la justice ne fait que s’allonger! De quoi renforcer la méfiance des citoyens vis-à-vis des représentants de la nation et des décideurs politiques. Un sondage réalisé, début février, par L’Economiste, le confirme : Les politiques ne convainquent pas!
Le fait que le Parlement soit sommé par le souverain, dans un message adressé à l’occasion des 60 ans de l’institution législative, pour moraliser la vie parlementaire, à travers l’adoption d’un code de déontologie juridiquement contraignant pour les deux Chambres, en dit long sur la gravité de la situation. C’est la course contre la montre! Les réunions au sein de L’Hémicycle se multiplient pour trouver un consensus dans un délai record. Majorité et opposition ne semblent pas être sur la même longueur en ce qui concerne les principales mesures que doivent comporter ce texte. En attendant, le RNI, en tant que chef de file du gouvernement, veut donner l’exemple. Aziz Akhannouch a demandé, en sa qualité de patron du parti de la colombe, aux coordinateurs et présidents des régions de ne désigner aucun militant poursuivi devant les tribunaux pour occuper des responsabilités au sein du parti quelles que soient leur nature. Un geste symbolique…
C’est dans cette conjoncture hautement sensible que le PAM a tenu son 5ème congrès et que l’Istiqlal s’apprête, enfin, à organiser son 18ème congrès. Les deux alliés du RNI, au sein de la coalition gouvernementale, traversent de fortes zones de turbulences. Sous pression, à l’image d’autres partis, réussiront-ils à rassurer leurs bases et redonner confiance aux citoyens?
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