L’hebdo #19 Spécial CAN 2023
SPÉCIAL CAN 2023 : L’AUTRE MATCH DU MAROC
Au-delà du spectacle sportif qu’elle offre, cette 34ème Coupe d’Afrique des Nations marque les esprits par l’affluence record des médias. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : La CAF a reçu près de 6.000 demandes d’accréditation, soit une hausse de plus de 100% par rapport à la précédente CAN. Des partenariats avec des opérateurs télévisuels mondiaux de renom, tels que Sky, BBC, LaLiga+, SportItalia, Sport Digital, SportTV, Viaplay, Band TV, beINSport, CANAL+, New World TV, et avec plus de 45 diffuseurs Free To Air pour assurer la diffusion dans environ 180 pays. De quoi booster l’audience mondiale de la CAN ! Le Maroc s’est offert une opération de relations publiques, en dépêchant une forte délégation médiatique «officielle» de 140 professionnels, la plus importante en termes de nombre. Une première. L’initiative fait jaser !
Une newsletter parrainée
LA CAN A, ENFIN, SON CENTRE MEDIA
Pour la première fois de son histoire, la CAN se dote, à l’occasion de cette édition ivoirienne, d’un centre dédié aux médias. Baptisé «Centre principal des médias», il est situé au Palais de la Culture de Treichville, à Abidjan. Ledit centre est conçu pour fournir aux médias, y compris les photographes et les radiodiffuseurs, des conditions de travail aux meilleurs standards. L’objectif étant de faciliter le travail de plus de 3.000 médias accrédités pour la compétition. Le Centre principal des médias peut accueillir plus de 500 médias.
UNE DÉLÉGATION MÉDIATIQUE «OFFICIELLE»
Le Maroc a dépêché une délégation médiatique «officielle» à la CAN 2023. Une première! En comptant 140 journalistes, représentant des médias marocains notamment publics, il s’agit de la plus forte représentation médiatique d’une nation dans le cadre de cette 34ème édition. Les heureux élus sont appelés à être à la hauteur de cet événement majeur et de la confiance qui leur a été accordée. Avant leur départ pour Abidjan, des reporters n’hésitaient pas à s’interviewer les uns les autres pour exprimer tout le bien qu’ils pensent de cette initiative.
FRMF ET COMITÉ OLYMPIQUE, PRINCIPAUX PARRAINS
L’envoi d’une délégation spéciale de 140 journalistes à la CAN 2023 s’inscrit dans le cadre d’une convention de partenariat, portant sur la couverture d’événements sportifs, conclue entre le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication, l’Association nationale des médias et des éditeurs, la Fédération royale marocaine de football et le Comité national olympique marocain. Cette convention intervient dans le sillage de l’annonce de l’organisation par le Maroc de la Coupe du monde 2030 et de la Coupe d’Afrique des nations en 2025.
JOURNALISTES EN UNIFORMES
Les membres de la délégation médiatique officielle dépêchée à la CAN ont bénéficié d’uniformes distribués, dans une réception organisée à cet effet, par l’Association des médias et des éditeurs. Pour l’association, dont le président est le chef de file de de cette délégation, les dits membres font office d’ambassadeurs du royaume et sont appelés à représenter le Maroc de la meilleure manière possible. Selon la même source, toutes les dispositions logistiques sont prises pour faciliter le voyage, le séjour et les déplacements de ladite délégation en Côte d’Ivoire.
MEMBRE DE LA DÉLÉGATION MÉDIATIQUE OFFICIELLE
«On est 140 journalistes marocains ici car on vous aime beaucoup. Est-ce possible d’assister chaque jour à vos entraînements pendant 15 minutes ? Parce qu’on a besoin de vous voir et de vous aimer».
«Vous savez Oussama, comme dans l’amour, il n’est pas bien de voir sa femme tous les jours. De temps en temps, il faut disparaître deux où trois jours, comme ça, les retrouvailles sont meilleures».
Décodage
QUELLE COUVERTURE POUR LA CAN ?
Médias, réseaux sociaux… l’initiative de dépêcher une forte délégation médiatique marocaine officielle à la CAN 2023 suscite de beaucoup de commentaires aussi bien sur le fond que sur la forme. Qu’en pensent l’éditorialiste de L’hebdo, Mohamed Douyeb, et le journaliste Wissam Bouzdaini ?
Félicitations aux 140 reporters média (et leurs supports) pour avoir être retenus, dans la fameuse liste de la délégation médiatique «officielle» représentant le Maroc à la CAN 2023 ! Dites-moi, c’est comme si… vous êtes appelés en sélection nationale. Vous imaginez… en étant membre de cette délégation, la première du genre, votre nom sera gravé à jamais dans l’histoire des médias. Soyez donc reconnaissants et à la hauteur de la mission!
En arborant l’uniforme officiel avec fierté, confectionné pour l’occasion, nos valeureux professionnels de l’information, s’attaquent au combat la tête haute…
Premier couac sur place. Il semble que nos ambassadeurs médiatiques ne sont pas logés à la même enseigne. L’affaire arrive même devant le Parlement. Un parlementaire et membre du bureau politique d’un parti de l’opposition, n’a pas hésité à adresser une question orale, au ministre en charge de la Communication, dans laquelle, il l’interpelle sur les conditions indignes dénoncées par des membres de la délégation. À suivre…
S’il est légitime pour une nation d’organiser sa présence médiatique dans le cadre d’un événement international dont les enjeux sont immenses, comme celui d’une CAN, voire même s’offrir un grand coup de communication, tout repose sur l’art, la manière et le contenu. Commençons par les critères de sélection : La transparence doit être de mise. Quel est l’intérêt de crier sur tous les toits et devant des caméras que 140 reporters bénéficient d’une prise en charge totale de la part d’institutions publiques? Si même des bénéficiaires, à leur tête de vieux routiers, ne sont pas gênés, et jouent même le jeu, dans une réception organisée à cet effet. Trop de communication tue la communication. Cela ne rend pas service à l’image médiatique qu’on veut véhiculer! Seul le contenu fera la différence et permettra de se distinguer.
Résultat : Des professionnels se donnent en spectacle, dans une cérémonie, tout en engageant avec eux l’image de toute une profession en grande souffrance. Cette séquence médiatique n’est pas anodine. Loin de là, elle traduit la profonde et inquiétante évolution du rapport des décideurs politiques avec les médias. Aujourd’hui, les journalistes sont perçus et abordés comme de simples canaux de transmission. Et ce sont les citoyens qui en paient le prix fort en termes d’accès à l’information avec un grand I.
Inviter vos amis(es) à s’abonner à L’hebdo
https://www.lhebdo.ma/
Une idée, une réflexion, une proposition… n’hésitez pas !
hello@lhebdo.ma
