Unis plus que jamais ! Après avoir vécu une forte zone de turbulence, les relations entre l’Espagne et le Maroc sont au beau fixe. Tout en affichant leur satisfaction, les officiels des deux pays veulent se donner les moyens pour aller plus loin dans le partenariat stratégique, scellé dans le cadre d’une Feuille de route, conclue en 2022. Voici ce qu’il faut retenir de la visite du chef de la diplomatie ibérique, José Manuel Albares, au royaume, la première entamée à l’étranger, depuis l’investiture du gouvernement Sanchez, pour un second mandat. C’est dire l’intérêt stratégique accordé au Maroc dans le cadre de la politique extérieure de l’Espagne. De nombreuses questions restent à traiter. Pas d’initiatives unilatérales ou surprenantes! Tout se fera par le dialogue. Les deux pays voisins veulent se focaliser surtout sur les points permettant de donner un élan positif à leurs relations. En décrochant la co-organisation du Mondial 2030, l’Espagne et le Maroc -aux côtés du Portugal- vont capitaliser sur cet événement majeur pour hisser leur coopération à des niveaux supérieurs et inédits.
«Le Maroc et l’Espagne entretiennent des relations des plus denses et des plus riches qui puissent exister au monde. Ils sont désormais unis par un partenariat stratégique et multidimensionnel», a déclaré le ministre espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la coopération, José Manuel Albares, lors de sa visite de travail à Rabat. Et de préciser: «Le bilan de la feuille de route est bien évidemment très positif. Nous avons renforcé le partenariat stratégique. Les relations d’amitié entre nos deux pays ont atteint un niveau historique, ce qui se reflète sur plusieurs volets».
Les échanges redécollent! Les chiffres de progression soutenue de la coopération économique entre l’Espagne et le Maroc parlent d’eux-mêmes. Après l’adoption de la feuille de route par les deux pays voisins, en avril 2022, les échanges commerciaux ont augmenté de 40% pour s’élever à plus de 20 milliards d’euros. Le royaume est le 3ème partenaire commercial de l’Espagne en dehors de l’Union européenne.
A propos des questions relatives à la délimitation des espaces maritimes, le ministre marocain des Affaires étrangères a tenu à préciser que les groupes de travail mixtes se sont réunis à plusieurs reprises. Nasser Bourita a fait savoir, lors de la conférence de presse conjointe, animée avec son homologue espagnol, que le Maroc agit sur les base des principes du partenariat conclu entre les deux pays. «Pas de mesures unilatérales, pas d’actions surprenantes…», a-t-il déclaré.
Le méga appel à manifestation du Maroc portant sur l’acquisition de 168 nouveaux trains intéresse les groupes mondiaux, à commencer par les opérateurs espagnols. On sait que la société ibérique Talgo est dans les starting-block. Le cas aussi pour la filiale espagnole d’Alstom. Rappelons que le groupe français a fourni les 12 premiers trains Al Boraq. Concourir en tant entreprise espagnole vise à éviter un véto politique. Les relations Maroc-France n’étant pas au beau fixe, même s’ils ont connu, ces derniers temps, des signes de réchauffement.
On le répétera jamais assez, la co-organisation du Mondial 2030, dans le cadre de la candidature tripartite, est le reflet de la solidité des relations maroco-espagnoles.
Aldo Olcese, économiste et président de la Fondation indépendante, décrypte les enjeux de la visite du ministre espagnol des Affaires étrangères au Maroc.
«L’Espagne dispose d’une grande expérience en matière de projets stratégiques comme le transport, l’industrie, la lutte contre la sécheresse, est pleinement prête à accompagner le Maroc dans la mise en place de plans stratégiques. La co-organisation de la Coupe du monde de football en 2030 se veut une occasion pour créer un espace de prospérité partagé».
«Le Maroc et l’Espagne œuvrent à mettre en place une vision plus ambitieuse de leurs relations bilatérales, politiques, économiques et diplomatiques. La feuille de route, adoptée dans la Déclaration conjointe du 7 avril 2022, a été en grande partie mise en œuvre».
«Les liens entre le Maroc et l’Espagne revêtent une grande importance historique. Il s’agit, pour l’Espagne, de la relation internationale et bilatérale la plus importante. Elle est aussi complexe parfois puisqu’elle est tissée de fils qui s’entrelacent parfois et nécessitent d’être démêlés».
En marge de sa visite au Maroc, le chef de la diplomatie ibérique a visité le collège espagnol de Rabat.
Le Maroc et l’Espagne animés par la ferme volonté de développer le partenariat stratégique.
Des accolades chaleureuses, de grands sourires, des mots rassurants et fédérateurs… À Rabat, les deux chefs des diplomaties espagnole et marocaine expriment une grande satisfaction de l’état d’évolution des relations entre les deux pays voisins, formalisées dans le cadre d’une feuille de route, signée, il y a, à peine, 18 mois. L’Espagne veut aller plus loin dans sa coopération stratégique avec le Maroc. Mieux, elle veut en faire un modèle à l’échelon international. Tous les indicateurs notamment économiques sont en forte progression. Le Maroc est un partenaire sur lequel compte l’Espagne et vice-versa.
Si aujourd’hui, les relations entre les deux pays voisins ont pu se hisser à un tel niveau, après avoir été entachées par une profonde crise, pendant plus d’un an, c’est parce que l’Exécutif ibérique, dirigé par les socialistes, a reconnu, début 2022, la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Un tourant dans la politique extérieure de l’Espagne à propos de cette question sensible. Le pays étant l’ancien colonisateur de ce territoire marocain. La position espagnole a provoqué une onde de choc, dans la mesure où c’est le premier pays européen qui a franchi ce cap. La question du Sahara, étant le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international, le ministre des Affaires étrangères espagnol a réitéré, à l’occasion de sa visite au Maroc, la position de son pays.
Aujourd’hui, l’axe Rabat-Madrid se renforce, se donne les moyens de ses ambitions et gagne en influence, en dépit des tentatives, observées ici et là, de déstabilisation. Du côté espagnol, on met en avant un «partenariat stratégique et multidimensionnel». La co-organisation du Mondial 2030, est une occasion en or pour l’Espagne et le Maroc de donner une leçon au monde en matière d’amitié et de coopération. Un sacré rendez-vous avec l’histoire.
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