L’hebdo #13 Maroc-Emirats: Horizons plus larges
MAROC-ÉMIRATS : À l’ASSAUT D’HORIZONS PLUS LARGES
Le 4 décembre 2023. Cette date restera gravée dans la longue histoire des relations privilégiées entre le Maroc et les Émirats arabes unis (EAU). Ce jour-là, les Émirats ont réservé un accueil exceptionnel au Roi Mohammed VI dans le cadre d’une visite de travail et de fraternité. La visite royale est intervenue au moment où les EAU célèbrent le 52ème anniversaire de leur Fête nationale, et accueillent la 28ème Conférence des parties sur les changements climatiques (COP28). Au lendemain de la signature de la Déclaration «Vers nouveau partenariat novateur, renouvelé et enraciné», par les deux Chefs d’État marocain et émirati, les pays membres du Conseil de coopération du Golfe, réunis à Doha, ont réitéré leur soutien à la marocanité du Sahara. Le contexte régional tendu, marqué par la guerre à Gaza, dans lequel s’est inscrite la visite du roi aux Émirats, n’échappe à personne. Si la Déclaration maroco-émiratie est un pacte qui donne un élan inédit à la coopération bilatérale, elle aura une influence considérable sur la géopolitique régionale et internationale.
UNE DÉCLARATION FORTE
À côté de la Déclaration «Vers nouveau partenariat novateur, renouvelé et enraciné», signée par les deux Chefs d’État, douze mémorandums d’entente au total ont été conclus entre le Maroc et les EAU. Ils portent sur des partenariats d’investissement dans des projets d’infrastructure : TGV, aéroports, ports, Gazoduc Maroc-Nigeria et data center. Lesdits mémorandums concernent également les secteurs de l’eau, de l’énergie, de l’agriculture, du tourisme, de l’immobilier et des marchés financiers. À noter la convention de partenariat entre Abu Dhabi National Oil Company et le groupe OCP.
MAIN DANS LA MAIN
Un deal win win! La Déclaration signée par le Maroc et les Émirats donne un nouvel élan hautement stratégique à leur coopération bilatérale. Les deux Chefs d’État entretiennent des relations fraternelles exemplaires. La visite du roi Mohammed VI consacre des relations profondes entre les deux pays frères, dont les fondements ont été posés par Feus le roi Hassan II et Cheikh Zayed Ben Soltane Al-Nahyane, consolidées et rehaussées par les liens de fraternité authentique et d’affection sincère entre les Chefs d’État des deux pays, lit-on dans le texte de cette Déclaration.
UNE ALLIANCE D’OR
La Déclaration maroco-émiratie est qualifiée de joint-venture entre deux monarchies proches. Un accord win-win. Un tel accord permettrait à Rabat de sécuriser des financements pour la réalisation de projets stratégiques et à Abu Dhabi d’investir dans de nouveaux marchés à fort potentiel particulièrement en Afrique à travers le Maroc. Toute la question est de savoir, si la réalisation des chantiers phares, prévus dans cet accord, ne sera pas parasitée par des tensions souterraines qui secouent le Golfe.
UNE NOUVELLE ÈRE
Une vingtaine d’années après avoir conclu un accord de libre-échange, le Maroc et les Émirats arabes unis ont réalisé des avancées significatives en matière de coopération économique. Preuve en est, les EAU sont le premier pays arabe à investir au royaume pour montant total de plus de 20 milliards de dollars d’investissements. Les Émirats représentent le deuxième plus important stock d’IDE. Une nouvelle ère encore plus fructueuse s’annonce, avec des nouveaux horizons en faveur des chefs d’entreprises et investisseurs des deux côtés, afin d’établir des partenariats inscrits dans le long terme.
HÉRITAGE ET AVENIR
La visite effectuée par le roi Mohammed VI aux Émirats arabes unis est singulière à plus d’un titre. D’abord sur la forme. Le premier acte de ce voyage, présenté comme une «visite de travail et de fraternité» dans la communication officielle réservée à l’événement, revêt plutôt toutes les caractéristiques d’une visite d’État qui est, dans les us et coutumes protocolaires, la plus haute forme de contact diplomatique entre deux pays.
JACKPOT ROYAL
C’est fait, une commission provisoire remplace, pour une période de deux ans au maximum, le Conseil national de la presse. Comment on en est arrivé là ? Le bureau de l’instance de régulation était incapable d’organiser des élections pour un deuxième mandat, et ce malgré les prolongements accordés par le gouvernement. La création de cette commission provisoire ne fait pas l’unanimité au sein de la profession et de la classe politique.
ACCUEIL ROYAL
De l’entrée du palais et jusqu’au portail Zayed, le cortège royal a été escorté par un escadron de cavaliers, une tradition réservée à l’accueil des hôtes de marque des EAU. Le cortège du roi Mohammed VI a passé en revue, du portail Zayed à celui d’Al Hisn, des troupes folkloriques émiraties. L’équipe nationale de voltige Al Fursan s’est envolée au-dessus du palais, traçant dans le ciel des rubans de fumée aux couleurs rouge et vert du drapeau marocain, alors qu’une salve de 21 coups de canon retentissait en signe de bienvenue au souverain marocain.
LA FORME, LE FONDS ET LE CONTEXTE
Les analystes sont unanimes : Une nouvelle ère s’annonce dans la coopération maroco-émiratie. Le choix du timing de la visite royale aux Émirats, dans le contexte de tension dans le Proche-Orient, formalise un acte politique fort de présence du souverain marocain dans la région. Force est de constater que le communiqué conjoint, publié à l’issue de cette visite du royale, porte uniquement sur les relations bilatérales. Bien évidemment des questions d’ordre régional et international sont certainement abordées par les deux Chefs d’État.
MINISTRE ÉMIRATI DE L’ÉCONOMIE
«La Déclaration entre le royaume du Maroc et l’État des Émirats arabes unis est un appel résolu à l’investissement direct dans des secteurs économiques vitaux tels que la sécurité alimentaire, l’énergie, l’eau et le transport».
«Nous sommes résolument engagés à renforcer les relations avec le royaume du Maroc dans divers domaines liés à l’environnement et au changement climatique, notamment à travers l’échange des connaissances, des expériences et le développement de projets communs en matière de préservation des ressources naturelles et de la biodiversité».
«Le Fonds Mohammed VI jouera un rôle central dans la mise en œuvre des mémorandums d’entente signés devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI et Son Altesse Cheikh Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane. le Fonds se penchera sur le montage financier des projets qui font l’objet des mémorandums d’entente».
PRÉSIDENT DES ÉMIRATS ARABES UNIS
Un accueil somptueux réservé par le président de l’État des Émirats arabes unis à son hôte le roi Mohammed VI.
MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
La Princesse Lalla Hasna a représenté le roi Mohammed VI aux travaux du Sommet mondial de l’Action climatique, organisé dans le cadre de la COP28, à Dubaï.
On se souviendra longtemps de cette visite royale aux Émirats. Plus qu’une Déclaration et une pluie de mémorandums à la portée multidimensionnelle et structurante, c’est un pacte bilatéral inédit qui fera certainement référence dans l’histoire des relations internationales. Dans le communiqué conjoint, adopté à l’issue des entretiens entre le roi Mohammed VI et Cheikh Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane, on peut lire que «les deux Chefs d’État ont réitéré la volonté des deux pays frères de mettre en place des partenariats communs pionniers au niveau des marchés régionaux et internationaux». L’ambition est clairement affichée et assumée. Un nouveau paradigme en matière de coopération bilatérale dont l’évolution et les impacts sont à suivre de très près.
A en juger par le contenu du communiqué conjoint, il est clair que le Maroc et les Émirats nouent des relations solides marquées par la franchise et la transparence, tout en partageant la même vision et la même approche sur leur nouveau partenariat. «Un partenariat ambitieux dans ses objectifs, novateur dans ses modes de consolidation et avancé dans ses mécanismes de mise en œuvre, et ce sur la base des intérêts communs et au service des deux peuples frères». Il est surtout question de solidarité qualitative et d’investissement durable.
Maintenant que de larges horizons sont tracés, les appareils politiques, administratifs et économiques des deux pays sont très attendus pour donner vie à ce pacte aux énormes enjeux de codéveloppement. C’est un travail titanesque qui attend la partie marocaine. L’investissement, étant le nerf de toute coopération bilatérale inédite et exemplaire, il y a lieu de faire preuve de créativité et d’efficacité. Les Émirats figurent parmi les premiers investisseurs au Maroc. Tous les regards sont tournés sur les premières concrétisations issues de ce big deal, à commencer par les projets stratégiques prioritaires actés par les deux Chefs d’État.
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