L’hebdo #12 FIFM : Enfin une étoile d’Or marocaine
FIFM: 20 ANS DE CINÉMA, ET ENFIN, UNE ÉTOILE D’OR MAROCAINE !
20 éditions déjà du FIFM. Cette 20ème édition anniversaire du Festival international du film de Marrakech est à marquer d’une pierre blanche ! Le cinéma marocain décroche, pour la première fois, l’Etoile d’Or. C’est à la cinéaste Asmae El Moudir et son film «La mère de tous les mensonges» que l’on doit le premier Grand Prix attribué par le FIFM au Maroc. Autre récompense, le second film marocain en compétition officielle, «Les Meutes» de Kamal Lazraq, a décroché le Prix du jury ex-aequo avec le documentaire «Bye Bye Tibériade», signé par la réalisatrice d’origine palestinienne, Lina Soualem. Cette 20ème édition du FIFM s’est déroulée en toute sobriété, compte tenu du contexte international, marqué par le drame de la guerre à Gaza. Dans son mot de présentation de l’édition 2023, la Fondation du FIFM, présidée par le Prince Moulay Rachid, a donné le ton : « Dans ce monde, où catastrophes et terribles tensions se succèdent, que le Cinéma se dresse comme un bastion de paix, œuvrant pour le rapprochement des cultures, la découverte de l’autre ». 23 ans après sa naissance, le Festival de Marrakech a réussi son pari de devenir une plateforme prestigieuse de célébration du 7ème art sous toutes ses formes.
LE PALMARÈS EN IMAGES
Le Grand Prix -Etoile d’Or-, le Prix du jury et une Etoile d’Or, en guise d’hommage au cinéaste Faouzi Bensaidi. Quelle belle moisson du cinéma marocain! Public et professionnels se souviendront longtemps de cette 20ème édition du Festival international du film de Marrakech. Les distinctions rendues par le FIFM 2023 en disent long sur la maturité et l’évolution du cinéma national. Côté bilan, les chiffres officiels du Centre cinématographique marocain font état de 25 longs métrages produits en 2022.
UN RARE FESTIVAL ACCESSIBLE À TOUS
Intenses et belles émotions, voici ce qu’il faut retenir des 20 ans du FIFM. On l’oublie souvent, le festival de Marrakech est l’un des rares festivals de cinéma internationaux dont l’accès est entièrement gratuit pour le grand public. Dans l’émission « L’hebdo » de Radio 2M, l’organisation a tenu à le rappeler, tout en soulignant que c’est un festival pour le public marocain. Et de préciser que les artistes viennent gratuitement au festival de Marrakech. A noter que les éditions 2020 et 2021 du FIFM n’ont pas eu lieu compte tenu de la crise sanitaire du Covid.
LA DAME DE FER DU FIFM
Tous les habitués du FIFM mesurent le poids et l’influence de Mélita Toscan Du Plantier, conseillère du président de la fondation du FIFM. Celle qui se présente, comme co-fondatrice du festival de Marrakech -son défunt époux, le producteur Daniel Toscan du Plantier, a été sollicité pour concevoir le FIFM- est la cheville ouvrière de ce festival. « Fière d’être toujours là » : Mélita Toscan Du Plantier s’estime privilégiée de siéger pendant plus d’une vingtaine d’années au FIFM. Pour la dame de fer, cette édition 2023 est placée sous le signe de l’unité.
FOUAZI BENSAIDI, UN CINÉMA DE POÉSIE
Commentant le vibrant hommage que lui a rendu le FIFM, le cinéaste marocain Faouzi Bensaidi a souligné, dans le cadre d’une table ronde, en marge du festival, que des artistes n’ont jamais eu de reconnaissance. « Quand un événement, comme celui de l’hommage arrive, il faut l’accueillir avec beaucoup de bonheur », a-t-il confié. Faouzi Bensaidi a, à son actif, plus de 25 ans de carrière dans le cinéma. Marqués par des réflexions poétiques sur la complexité du monde, ses films ont eu beaucoup de distinctions dans des festivals internationaux.
ET LA GUERRE À GAZA? NO COMMENT!
Dans tous les festivals de cinéma, la presse fait réagir des stars et des professionnels du 7ème art sur une actualité brûlante ou un événement tragique. Au FIFM 2023, Le Desk est l’un des rares supports marocains, à avoir interpellé notamment la présidente du jury, Jessica Chastain, sur le drame de la guerre à Gaza. L’actrice américaine s’est contentée d’un rire nerveux, avant qu’une responsable RP intervienne, de manière musclée, en rappelant que les questions doivent comporter uniquement sur le cinéma. « Pas aujourd’hui… », a répondu sèchement, de son côté, le grand acteur danois, Mads Mikkelsen, auquel le FIFM a remis une Étoile d’Or en guise d’hommage.
SOUTIEN TIMIDE À LA PALESTINE
Cinéastes, producteurs, acteurs… des professionnels du cinéma ont signé une lettre ouverte pour exprimer leur soutien au peuple palestinien et dénoncer le silence du FIFM concernant le drame de Gaza. Dans leur lettre, ils ont appelé les participants du festival à défendre la cause palestinienne, tout en les invitant à un rassemblement de solidarité, le 29 novembre 2023, organisé en coordination avec le Front marocain de soutien à la Palestine, à l’occasion de la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. Curieusement la majorité des signataires n’a pas pris part à ce sit-in.
DOUNIA BENJELLOUN, PRODUCTRICE DISCRÈTE
Dounia Benjelloun Mezian est une productrice marocaine infatiguable. Elle prend rarement la parole dans la presse. La fille du magnat de la finance, Othman Benjelloun, sait investir dans des projets ambitieux. Preuve en est, elle a produit le premier long-métrage de Sofia Alaoui « Animalia ». Projeté au FIFM 2023, ce drame fantastique a reçu un bon écho auprès du public et des professionnels. Le film s’est distingué dans plusieurs festivals internationaux pour ne citer que le prestigieux Festival de Sundance, en décrochant le Prix spécial du jury.
UN DOC PALESTINIEN FAIT SENSATION
Le choix du tout nouveau documentaire de la cinéaste d’origine palestinienne Lina Soualem, «Bye-Bye Tibériade», pour figurer dans la compétition officielle du FIFM 2023, n’est pas un acte anodin. D’autant que le thème de ce film autobiographique aborde des questions douloureuses, tels que l’exil et le déracinement à travers quatre générations de femmes palestiniennes, dont la mère de la réalisatrise, l’actrice Hiam Abbas, tient le principal rôle. Pendant la projection, devant une salle archi-comble, des slogans « Free Palestine », « Vive laPalestine »… ont été scandés.
« J’espère et je suis certaine que dans les dix prochaines années la production cinématographique nationale continuera à se développer et pourquoi pas concurrencer les films français, américains et anglais ».
« Ici (FIFM), le public est vraiment passionné de cinéma, très instruit autour du septième art et constamment en quête de nouveau cinéma. C’est toujours une chose merveilleuse, pour nous cinéastes, de venir dialoguer avec un tel public. C’est vraiment et profondément inspirant ».
28 septembre 2001. Le Festival international du film de Marrakech voit le jour à l’initiative du Roi Mohammed VI. Nous sommes au début du nouveau règne. Il a fallu beaucoup de sérénité, d’optimisme et de détermination pour maintenir la tenue de la 1ère édition du FIFM, dans un contexte international explosif, marqué par les attentats terroristes du 11 septembre ayant frappé le cœur de New York.
24 novembre 2023. Le FIFM s’ouvre sur fond de guerre d’Israeïl à Gaza. L’écho de ce drame tragique est d’une faible intensité. Pour le plus grand bonheur de l’organisation. Quand on sait que la Berlinale 2023 s’est transformée en un lieu de revendications d’ordre politique, à commencer par l’intervention du président ukrainien, à l’événement d’inauguration, on peut affirmer que le Festival de Marrakech s’accroche à une forme d’indépendance, en veillant à ne pas devenir une tribune de dénonciation. Toujours est-il, le FIFM envoie un message fort symbolique en donnant la chance à un documentaire d’une jeune cinéaste palestinienne pour concourir dans la compétition officielle. Sans parler de l’impressionnant accueil qui lui a été réservé par le public. Cerise sur le gâteau, le film décroche le Prix du jury.
Programmation artistique, sélection officielle, organisation… le FIFM n’est pas exempte de critiques. Sur le temps long, il a pu s’imposer, comme l’un des festivals de cinéma les plus prestigieux au monde. Un festival accessible au grand public. Une chose est sûre : L’événement a réussi à donner une forte exposition au cinéma national. La première Étoile d’Or marocaine du FIFM restera gravée dans les esprits. Personne ne peut contester l’apport considérable du Festival de Marrakech dans la dynamique du soft power marocain. Dans ce nouveau monde qui se dessine, le FIFM est un grand acquis, sur lequel il faut capitaliser. Les marges d’évolution sont énormes. Vive le FIFM !
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